(Vidéo des enfants d'Henriette)
Bonjour mes Québécois préférés,
Je retire mes paroles. Je ne suis plus autant soulagée que dans mon dernier courriel que le projet se termine dans moins de 4 semaines. Comme j’ai retrouvé la pleine forme et qu’il y a encore tellement de choses que je veux faire et voir ici, je sens plutôt que le temps joue contre moi, mais ça ira! Depuis maintenant 6 semaines, mon regard d’Occidentale (de Yovo) ne cesse de balancer entre l’émerveillement et l’incompréhension. Il me faudrait des mois, voire des années pour parvenir à lire entre les lignes de cette culture à la fois si accueillante, mais si impénétrable. La majorité des comportements que j’observe me choquent, puisqu’ils entrent en contradiction avec ce que je suis, mes valeurs, mais me poussent à remettre constamment en question ce qui me semble normal et acquis. La bonté humaine et l’amour de son prochain flirtent constamment avec l’envie, la méfiance et la jalousie en Afrique. Comme il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus, la compétition que représente le quotidien est forte. Je souhaite pouvoir ramener ne serait-ce qu’une parcelle de cette richesse culturelle dans mes bagages. Jamais je n’aurai vu des gens en si grande difficulté, mais si heureux. Les paradoxes se vivent partout, à tous les coins de rue, sans crier garde. Et moi je reçois tout ça et j'avoue ne pas toujours comprendre.
Comme certains le savent, je ne mange plus de viande depuis quelques mois. Ici, être végétarien ça ne fait vraiment pas partie de la culture et ça se comprend, quand tu as de la nourriture tu la manges, c’est tout. Comme nous sommes près de l’océan, il y a beaucoup de poissons alors si je veux rester en forme je dois en manger un peu, parce que les autres alternatives sont très limitées. Le seul hic, quand on te sert un poisson, il est complet! La tête, les yeux et les organes… L’autre jour j’ai mangé un poisson, après avoir passé 20 minutes à le décortiquer, j’étais pleine. Mon père d’accueil m’a alors demandé : « C’est terminé? » J’ai répondu oui et il est parti à rire aux éclats. Alors il m’a demandé s’il pouvait le finir, pas de gaspillage! Il a tout mangé, la tête, l’intérieur, les arrêtes! Je me sentais tellement mal. J’ai aussi été un peu traumatisée en allant au Marché Ganhi (et non Gandhi) (l’équivalant du Marché Jean Talon, en moins salubre) pour y acheter la viande qui servirait à notre pâté chinois de la St-Jean. La section des viandes était tout simplement dégueulasse. Des abats et toutes sortes de parties gisaient sur les comptoirs, avec des centaines de mouches qui volaient autour et des odeurs… J’ai vraiment savouré mon pâté chinois aux lentilles ce soir-là!
Justement, je dois vous parler de la St-Jean. Tout d’abord, nous avons vraiment dû nous compliquer la vie pour organiser une fête digne de ce nom. Les préparatifs ont occupé plusieurs jours et nous ont montré encore une fois nos différences culturelles. Comme nous avions un petit budget pour la fête, nous avons dû nous limiter dans les invitations. Nous avons donc invité nos familles d’accueil, nos partenaires au sein du projet de la Fondation PGL, ce qui totalisait 80 personnes. Nous avons informé nos invités qu’ils auraient droit à deux boissons chaque et qu’ils pouvaient en amener plus s’ils le désiraient. Faux pas culturel!!! Ici, lorsque tu organises une fête ou un souper, tu dois absolument tout payer à tes convives. Il n’est absolument pas question de leur demander d’apporter une bouteille de vin ou un dessert comme nous le faisons si naturellement au Québec. Ainsi, lorsque tu veux recevoir tu dois en avoir les moyens puisque les Béninois exigeront d’être rassasiés. Nous avons été un peu choqués par la réaction de certaines personnes qui nous ont dit qu’elles allaient venir parce qu’elles nous appréciaient, mais que notre demande était suffisante pour qu’elles déclinent l’invitation! On peut dire qu’ils ont le sens de la réception ces Béninois.
Finalement, seulement une quarantaine de personnes se sont présentées à la fête, il y a donc eu de la nourriture pour tout le monde et de la bière en masse! C’était tellement drôle de voir les Béninois danser en ligne sur la musique des Colocs, de Mes Aïeux et des Cowboys Fringants! L’organisation de cet événement et sa tenue auront ainsi été un lieu d’échange culturel, comme tout le reste du stage finalement! Je crois bien que nous avons réussi à faire un événement à notre imagine. :)
Comme je demeure plutôt loin comparativement aux autres membres du groupe, je vais toujours dîner chez Henriette, la mère d’accueil de deux autres filles du groupe, qui est aussi la soeur de Claire, ma mère d’accueil. Vous me suivez? Je suis très heureuse de pouvoir dîner dans cette famille les jours de semaine, car la maison est remplie d’enfants, ce qui fait changement de la maison de Claire. Ils nous aiment tellement les enfants! Et nous aussi! Ils sont allumés et intéressés, ils nous posent toujours mille questions.(Photo 5 : les enfants d’Henriette)
Notre mi-stage, qui se tenait du 26 au 30 juin, était tout simplement parfaite! Nous avons eu l’occasion de faire un bilan du travail fait et de celui à faire tout en relaxant et en évacuant le stress de la grande ville. Nous avons aussi joué aux touristes, nous avons magasiné (voir photos du marché public de Dassa) et admiré le paysage (voir photo #1).
Pour nous rendre dans les 3 villes (Abomey, Dassa et Grand Popo) que nous voulions visiter lors de la mi-stage, nous avons fait 5 heures de route à 10 dans le camion. Parlant d’être dix dans le camion, nous avons vécu une petite péripétie. Après 3 heures de route et plusieurs nids de poules dans le corps, nous avons été arrêtés à un contrôle routier où un policier clamait que nous étions en surcharge dans la voiture (ce qui n’était pas faux puisque le véhicule peut normalement contenir 7 personnes). Ce qu’il faut par contre comprendre c’est qu’au Bénin, tout le monde est en surcharge dans les transports, et c’est pas mal pire de l’être sur une moto (certaines motos ont 4 passagers, je ne comprends toujours pas comment ils font...) que dans un 4x4. Le policier voulait donc nous amener au commissariat de police... Notre accompagnatrice a donc discuté longuement avec le policier afin de trouver une autre alternative. Comme tout se monnaye ici, elle a payé 5000 FCFA (Environ 12 dollars) pour qu’il nous laisse partir!! Le pire dans tout ça, c’est que pendant qu’elle discutait avec le policier, des dizaines de véhicules remplis de Béninois en surcharge passaient à côté de nous. Ah oui mais c’est vrai, nous étions une belle bande de Yovos (Les Blancs) riches à craquer, j’avais oublié... (Voir photo pour un vrai exemple de véhicule en surcharge)
Sur cette même route, nous avons vécu un autre moment intense. Lors de l’un de nos trop peu nombreux arrêts, nous avons été littéralement assaillis par des dizaines de vendeuses ambulantes de nourriture. Aucun de nous n’avait encore eu le temps d’ouvrir une porte de la voiture que des dizaines de mains, tendant des arachides, des oranges, des ananas, des bananes s’étaient insérées dans la voiture par les fenêtres ouvertes. La scène faisait étrangement penser au Parc Safari, mais à l’inverse!! « Allons nourrir les Yovos dans leur voiture! » Ça a marché, nous n’avons même pas eu besoin de sortir de la voiture (de toute façon, je ne crois pas qu’aucun d’entre nous n’en aurait eu le courage), que nous étions nourris.
Au Bénin, la mort est une chose sacrée, tout comme la naissance. Les gens n’ont pas d’argent pour payer les soins médicaux d’un porche malade, mais ils se ruineront littéralement pour lui organiser des funérailles majestueuses. Voilà un autre exemple des nombreuses contradictions de cette culture...
Les Béninoises sont tellement belles. Les tissus qu’elles portent jour après jour sont tout simplement magnifiques. Nous avons vraiment l’air de touristes avec nos souliers Merrell et nos shorts cargo à côté d’elles! Elles se font faire sur mesure les habits traditionnels, je devrais peut-être m’en faire faire un...
Pendant que je vous écris ces lignes, deux jeunes garçons en avant de moi se font passer pour une fille de 15 ans et clavardent avec un bonhomme de je ne sais pas quel âge et semblent avoir bien du plaisir! Bon je dois quitter le café Internet, j’ai entendu dire que l’eau était revenue (je ne me suis pas lavé les cheveux depuis... ah j’ai trop honte pour le dire).
Pat, qui jubile à l’idée de peut-être pouvoir se laver
P.S.: Désolée pour les fautes, je n'ai pas trop le temps de me relire.
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Photo #1 : Rocher sur lequel nous nous sommes reposés suite à la montée d’une colline à Dassa
Photo #2 : Bateau de pêcheurs sur la plage de Grand Popo
Photo #3 : Petits enfants rencontrés lors de notre descente de la colline à Dassa

Photo #4 : Les enfants d’Henriette, la sœur de ma mère d’accueil : Bignon, Roberta, Charbelle et Alain

Photo #5 : Des enfants trop mignons au marché public de Dassa
Photo #6 : Des vendeuses ambulantes au marché public de Dassa
Photo #7 : Ça c’est un véhicule en surcharge!
Photo #8 : Des tissus africains au marché public de Dassa. (Je veux tous les avoir!) Imaginez comme les femmes africaines sont belles dans ces tissus, je dois en prendre en photos.
Photo #9 : Le gardien d’un fétiche vaudou à Dassa
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