Bonjour tout le monde,
La moitié de mon stage s’est déjà écoulée et je ne vous cacherai pas mon soulagement. Les choses se déroulent très bien, malgré quelques soucis de santé, mais la sollicitation (en tant que minorité visible que nous sommes), le bruit et la pollution auxquels nous devons faire face chaque jour nous épuisent énormément. Je serai donc peut-être un peu plus pessimiste dans mon courriel cette semaine... Mais soyez sans crainte, je profite de chaque moment avec joie! C'est juste que la semaine qui vient de passer a été plus éprouvante que les autres, mais ça fait partie de l'expérience.
Nous avons vite remarqué à notre arrivée en Afrique des gens avec plusieurs cicatrices au visage. Pour ma part, je n’avais jamais entendu parler du phénomène de la scarification. En effet, il n’est pas rare de croiser des gens avec des cicatrices dans le visage signifiant notamment leur village natal ou leur affiliation à une tribu en particulier. On nous a aussi raconté qu’anciennement, ça permettait aux enfants victimes de la traite de se souvenir de leurs origines… C’est quand même particulier que ces cicatrices soient faites directement au visage des nouveaux nés!
Après un mois, j’ai finalement fait mon premier tour de zemidjan (taxi moto). Je n’avais pas tellement hâte de l’expérimenter, car c’est quand même dangereux avec la circulation qu’il y a ici, mais en fin de compte ça a super bien été, j’ai eu le temps qu’il fallait pour expliquer au conducteur d’aller très très lentement. Au moins, je me sentais en sécurité avec mon casque alors ça allait. Mais je n’en prendrai pas l’habitude...
Cette semaine, j’ai aussi expérimenté le système de santé béninois. Comme c’est la saison des pluies, nous sommes tous un peu malades. Évidemment, je ne pouvais pas me contenter d’un petit rhume! Alors, j’ai fait une bronchite et une amygdalite. J’ai donc été clouée au lit à tousser à en vomir (littéralement, désolée pour les détails…) pendant 4 jours. Aussi, j'ai eu le palu (la malaria)!!! Mais c'était un petit palu (tellement petit que les Africains ne considèrent même pas ça comme le palu). Mais là je vais bien, les médicaments font effet!
Quant au projet de documentaire, on a enfin commencé nos entrevues! Nous réalisons que nous n’aurons pas le temps de faire le montage avant la fin du stage vu tout le travail qu’il nous reste à faire. Mes fins de semaines seront donc bien chargées à mon retour afin de leur envoyer un produit fini dans un délai raisonnable, un délai canadien! Les réactions face à la caméra sont vraiment partagées, certaines personnes se fâchent et nous ordonnent de fermer la caméra (certaines ethnies pensent que les photos et la caméra volent leur âme), alors que d’autres sont tout contents de s’imaginer qu’ils vont peut-être passer à la télé.
Du 26 au 30 juin, nous quittons Cotonou pour aller nous reposer un peu dans un village à une heure d’ici. Ça nous permettra également de faire un bilan de mi-stage et de préparer la fin du stage. Nous allons aussi profiter de l’océan. Ahh le bruit des vagues!!
Ici, le rapport au temps et la gestion des priorités sont deux concepts totalement différents que ce que l’on connaît. On nous avait pourtant avertis que le rythme de travail était beaucoup moins effréné qu’au Québec et que la ponctualité n’était pas la principale qualité des Béninois… cependant, je n’arrive toujours pas à m’y faire. C’est sûr que c’est agréable parfois de pouvoir prendre son temps et de discuter les uns avec les autres, mais quand même, il faut que ça avance !! J’exerce donc ma patience, pas toujours facile pour une fille qui ne l’est pas de nature ! Il y a quand même un point très positif à ce manque de ponctualité. En effet, ici les gens prennent le temps de faire les choses, de se saluer, de se donner des nouvelles, de se questionner les uns les autres sur leur santé et celle de leur famille. Je comprends qu’ils nous trouvent névrosés !
Il y a 3 semaines, on a visité la ville de Ouidah. En plus d’être le berceau du vaudou, Ouidah est la ville d’où partaient les esclaves lors de la traite négrière faite par les Portuguais entre 1700 et 1900. Nous avons donc marché la route des esclaves qui mène à la porte de non-retour. Cette porte, située à quelques pas de l’océan, symbolise le départ des esclaves par bateaux pour l’Occident.
Je vous parlais dans le dernier courriel qu’ici il faut toujours barguiner lorsqu’il est question d’argent et je déteste tellement ça ! Même à la banque il faut s’obstiner avec la caissière pour qu’elle nous donne des petites coupures, car évidement ici aucun commerçant n’accepte nos billets de 10 000 et 5 000 Francs CFA. Ils n’ont jamais le change et c’est toujours au désavantage du client !
Alors voilà, je vous réécris d'ici deux semaines. Encore merci à ceux qui me répondent. :)
Bonne Saint-Jean. De notre côté, on va faire une grosse fête avec toutes nos familles et on va leur servir du bon pâté chinois et des crêpes dans le sirop d'érable!! Miam miam.
Photo #1 : La porte de non-retour
Photo #2 : Inondations dans les rues d'Agla
Photo #3 : La famille d'Amadou (le gardien de la maison) : ses filles Raina et Nafissa, sa femme Zenab

Pat xx
P.S. : Prénoms drôles de gens qu’on a rencontrés : Précieux, Prudence, Prince, L'Heureux (c'est son prénom!!!), Pulchérie, Perpétu, Hermione, Blaise, Gustave, Isidore, Rigobert, Siméonne, Sergino, Edwidge et j’en passe!
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