lundi 17 août 2009

Mon album photo

Allo!

J'ai téléchargé une centaine des plus belles photos du Bénin, vous pouvez les voir sur mon facebook (http://www.facebook.com/album.php?aid=148263&id=660621814&saved#/album.php?aid=148263&id=660621814) ou sur mon site picasa (http://picasaweb.google.com/patricia.filiatrault/Benin2009?feat=directlink).

Alors voilà, c'est vraiment fini!

Vidéos de la circulation

Je sais que ce n'était pas super prudent, mais je voulais un souvenir d'un de mes trop nombreux déplacements en moto-taxi :




Traverser la rue, un sport national!


Vidéos des inondations

Imaginez les motos qui circulent là-dedans!

Email 6 : 28 juillet 2009

Objet : Dernier chapitre béninois

Bon bon bon ! Voici donc mon dernier courriel en direct du Bénin. Ce périple de 2 mois prend fin… aujourd'hui ! Ahh ! Je n’en reviens pas. L’expérience tire à sa fin, mais les émotions intenses ne diminuent pas pour autant. C'est le temps des adieux...

Cette semaine, nous avons visité Ganvié, un village lacustre entièrement construit sur pilotis (maisons, école, hôpital, etc.). Comme la ville est sur l’eau, on doit la visiter en pirogue ! À l’époque, comme les gens de Ganvié ne sortaient pas vraiment de leur village et que les déplacements à pieds étaient limités (car toujours en pirogue), ils ne savaient pas vraiment marcher, alors lorsqu’ils arrivaient sur la terre ferme, ils se trouvaient stigmatisés par les autres communautés environnantes. Aujourd’hui, des îlots de terre artificiels permettent aux enfants de se déplacer à pied et donc d’apprendre à marcher. C’est spécial, hen? La salubrité n’est pas la principale qualité de cet endroit, bien au contraire. Il n’est pas rare de voir des gens carrément déféquer dans l’eau! Ils pêchent et se baignent dans cette même eau… Par contre, la vue est vraiment magnifique. C’est quand même difficile à croire que des gens vivent sur l’eau comme ça. (Photos #1 et 2)

Pour notre documentaire, nous avons rencontré le Maire de Cotonou, Nicéphore Dieudonné Soglo. Avoir un entretien avec lui n’a pas été facile, mais on y est finalement parvenu ! C’est un homme vraiment impressionnant. Lors de l’entrevue, 14 membres de son cabinet l’entouraient pour veiller à ce que tout se déroule bien. Le Maire est également un ancien Président du Bénin. En 1991, il est élu président de la République lors de la première élection multipartite depuis 1972, et ce, jusqu’en 1996. Au Bénin, on parle de lui comme l’un des ambassadeurs de la démocratie au pays. Il est le Maire de Cotonou depuis 2002.

Moments intenses vécus dans la dernière semaine :

  • Au Bénin, lorsqu’un voleur est pris en flagrant délit, on le bat sur la place publique, on le brûle et on le tue! On a assisté à ce genre d’événement sur la route!!! Traumatisant!
  • On a visité un orphelinat. Je suis encore marqué par la joie de vivre de ces petits enfants. Ils auraient toutes les raisons du monde pour se plaindre! (Photo #3)
  • Je vous parlais la semaine dernière du châtiment corporel infligé aux enfants et que j’espérais ne pas avoir à assister à ça. Et bien malheureusement, le sort ne m’a pas épargné, en pleine rue, j’ai vu un père frapper sa petite fille sur les fesses avec un bâton de façon tellement violente et avec tellement de haine dans les yeux… Et ensuite j’ai vu la petite fille se tordre de douleur en sautant dans les airs, les yeux pleins d’eau… les miens aussi étaient pleins d’eau.
  • J’ai accompagné une petite fille à l’hôpital, car un des stagiaires de notre groupe l’a frappé sans faire exprès en ouvrant la portière de notre camion pour sortir alors que la petite courrait dans la rue. Elle est tombée sur la tête et une grosse goutte de sang coulait de son oreille. Mauvais signe! Quand on a finalement trouvé sa mère, elle semblait tellement s’en foutre là! Elle ne voulait même pas l’amener à l’hôpital (de toute façon, elle n’a pas du tout les moyens financiers et ça se comprend un peu). Alors, j’y suis allé avec la petite fille et j’ai dû payer… Je peux dire que j’ai vécu un autre choc culturel devant la mère qui restait stoïque devant son enfant! Mais le pire dans tout ça c’est que le médecin de la petite fille nous a dit que la mère lui avait demandé (En langue locale, alors on n’a pas compris) de nous charger plus cher parce qu’on est blanc… Arggg! Ça me fâche juste d’y repenser!
  • Cérémonie vaudou dans la rue où des gens qu’on appelle les Revenants font des danses traditionnelles et frappent les gens avec d’immenses bâtons… Il y a vraiment trop de violence ici!!

Alors voilà, c’est fini! Encore une fois merci à ceux qui m’ont écrit tout au long de mon voyage. J’espère avoir réussi à vous transmettre une petite parcelle de cette culture si complexe. Je reviens au Québec la tête pleine, un peu troublée, mais avec un bagage culturel hors du commun!

Pat xx

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Photos #1 et 2 : Ganvié, la cité lacustre
Photos #3 : Les enfants de l’orphelinat de Ouidah
Photos #4 à 6 : Le marché artisanal, où on peut trouver pleins d’œuvres d’art et de cossins attrapes touristes ! Disons qu’il a des belles affaires, mais que c’est pas mal cheap dans l’ensemble… des chinoiseries !

Email 5 : 15 juillet 2009

Objet : Corruption…

Bonjour bonjour,

Le sprint final est amorcé, on court comme des poules pas de tête pour finir nos projets. La réalisation de notre documentaire a été un peu affectée par le manque de disponibilité de la part de notre principal partenaire dans les dernières semaines, alors on doit redoubler d’efforts pour les deux dernières semaines. J’ai vécu un beau moment en interviewant des Zemidjans (chauffeurs de taxi-moto) cette semaine. Avec l’aide de Gustave, un Béninois qui connaît bien le monde des chauffeurs de taxi-moto, on a réussi à s’intégrer à l’un de leurs rassemblements. À tous les jours à 10h. am, les Zemidjans se regroupent autour d’une radio pour écouter la revue de presse (car la plupart ne savent pas lire). Gustave les a approchés pour leur demander qui serait à l’aise de répondre à nos quelques questions. Lorsque j’ai commencé mon interview avec un Zemidjan, qui en avait long à dire sur ses médiocres conditions de travail et le manque d’intervention de la part du gouvernement (ils ont beau être illettrés, ils sont très politisés et ça se voit), une vingtaine de Zemidjans nous ont entourés pour suivre la conversation et acquiescer aux propos de l’interviewé. Une chance que Gustave était à côté de moi! Je dois avouer que j’aime bien mon rôle de journaliste à l’étranger! Haha!

Comme vous l’avez constaté lors de mes derniers courriels, certains aspects de la culture béninoise me choquent. Le sujet qui choque le plus, et vous serez sans doute d’accord avec moi, c’est le châtiment corporel fait aux enfants. Dans la famille d’Henriette (La sœur de ma mère d’accueil, où il y a le petit Alain), c’est le grand-père de 90 ans qui s’occupe de corriger les enfants avec ce qu’ils appellent une chicote (un ramassis de brindilles de bois). Alors à tout moment j’entends les enfants se faire des menaces entre eux : « Je vais le dire à Pépé et il va te taper ». Disons que j’espère ne pas avoir à assister à l’une de ses séances de « chicotage »…

La semaine passée j’ai fait l’expérience du Marché de Dantokpa à Cotonou, qui est soi-disant le plus gros marché public de l’Afrique. J’y suis allée seule avec Perpétu, la domestique de ma famille. Je voulais prendre des photos, mais je n’ai jamais osé sortir ma caméra. Je n’ai jamais vu autant de gens dans les rues, juste traverser la rue est un défi ! Des centaines de marchands me touchaient pour que je leur achète des choses, mais moi la seule chose à laquelle je pensais, c’était de protéger mon sac !! Encore un autre moment intense. J’ai finalement acheté un tissu pour me faire un habit traditionnel sur mesure par le couturier. Au total (tissu et couturier) ça m’a coûté 5000 Francs, donc 13 dollars, pas si mal ! C’est bien la seule chose qui n’est pas cher en Afrique…

Aujourd’hui il fait quelque chose comme 20 degrés, c’est la journée la plus douce depuis notre arrivée. Et imaginez-vous donc que je vois des Africains avec des manteaux !!! L’autre jour on a même croisé un vendeur ambulant de manteaux d’hiver. On nous a dit que c’était pour les Béninois qui allaient à Paris ! Haha, très drôle !

On en voit vraiment de toutes les couleurs en Afrique : Poulets et chèvres encore vivants dans une voiture en direction de l’abattoir. Ils sont tellement nombreux que ça sort par les fenêtres et la valise. Surcharge!!! Aussi, sur le bord de la route, on se fait achaler par plein de vendeurs de trucs bizarres : pèse-personne, lustres, des boîtes de kleenex, des couteaux de cuisine, des photos de Jésus, etc. On rit à chaque fois qu’on voit des nouveaux objets !

Un peu de politique...
Le Bénin est le pays le plus corrompu de l’Afrique de l’Ouest, en tout cas c'est ce que nous a dit Alain Vennes, le directeur de la coopération canadienne au consulat canadien au Bénin (L’ambassade canadienne étant à Abidjan en Côte d’Ivoire) lorsqu'on l'a rencontré. J’étais vraiment impressionnée de rencontrer cet homme qui a œuvré pendant plus de 15 ans à titre de diplomate en Afrique. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander s’il avait une famille. Il nous a donc raconté que sa famille (sa femme et ses 3 enfants) l’a suivi en Afrique il y a 15 ans. Ces enfants ont été élevés en Afrique! Alors que les actions du gouvernement canadien convergeaient surtout vers la protection de l’environnement (l’une des priorités de l’Agence canadienne de développement international à l’époque), plusieurs projets environnementaux ont alors été mis sur pieds, comme la collecte et la gestion des déchets. Cependant, ces priorités ont malheureusement changé depuis l’élection de l’actuel Président en 2006, Thomas Boni Yayi. Aussi, on n’est pas surpris d’apprendre que ce n’est pas une priorité pour notre cher gouvernement Harper non plus... En fait, le gouvernement canadien entrevoit même de fermer plusieurs ambassades canadiennes en Afrique (en les regroupant), réduisant ainsi ses actions sur ce continent. Où préfère-t-il intervenir ? Ah oui c’est vrai, en Afghanistan! Ça serait donc ça sa définition de l'aide internationale. Quoi qu’avec toute cette corruption, je ne sais plus trop quoi penser de l’aide internationale. Ce qui est désolant c’est que ces projets orientés vers l’environnement vont probablement prendre fin…

Petite désillusion de fin de stage : La corruption est tellement présente, on l'a vécu même au sein du projet AFPB. La même journée où on a rencontré Alain Vennes, on a appris qu’il se tramait des choses pas trop catholiques au sein du projet AFPB. Simple hasard? Ouh… Tout ce que je peux dire c’est qu’on a réalisé que la corruption existe partout en Afrique (en fait, on n’était pas naïf, on le savait bien…) et que les ONG n’y échappent pas. Je pourrai vous en dire plus à mon retour, c’est une trop longue histoire!

Un peu d’histoire...
Comme je vous le disais dans un précédent courriel, le Bénin est un des pays les plus pacifiques du continent africain. Intéressant : le Bénin a déjà été sous le régime marxisme-léninisme. Dans les années 70 et 80, le régime communiste s’est bien installé au Bénin alors que l’armée prenait le pouvoir et dissolvait l’Assemblée nationale. Cela aura permis au Bénin de faire des activités commerciales intéressantes et d’être financé par ce régime. Cependant, les convictions communistes étant presque inexistantes, les intellectuels ont qualifié, avec dérision, cette période le « laxisme-béninisme » tellement ce changement de cap politique avait été un simple prétexte pour relever un peu le pays. Les symboles de son époque sont encore très présents : l’étoile rouge, qui est le plus gros carrefour de la ville et la Place de la Bulgarie, où une immense statue a été érigée. C’est vraiment drôle parce que la statue représente un ex-dirigeant Bulgare qui n’est pas du tout connu par la population. Vraiment aucun sentiment d'appartenance... (Photo #1).

Un autre événement marquant m’est arrivé il y a quelques semaines. Je marchais dans ma rue pour retourner dans ma villa de diplomate quand un groupe de jeunes garçons d’environ 15 ans sont sortis d’un autobus devant moi. Un des garçons vient tout de suite me voir en me tend la main. En me serrant la main, il me dit : « Vous ne me trouvez pas beau hein ? Vous n’aimez pas la peau noire ? Nous ne sommes pas des animaux, nous sommes des humains comme vous. » Ayoye !!! Je suis restée tellement surprise. Bien sûr je lui ai dit qu’on ne pensait pas ça du tout. Alors, il m’a dit que j’étais bien gentille et nous nous sommes quittés. Je ne sais pas s’il dit ça à tous les blancs qu’il croise, mais ça m’a tellement fait réfléchir. J’ai du mal à dire comment j’interprète cet événement, mais une chose est certaine, je ne peux pas rester indifférente... je ne veux pas être trop être philosophique, mais je crois bien que ce séjour en Afrique est en train de changer ma vision du monde. J’étais déjà sensibilisée aux questions de racisme, mais le vivre autant c’est quelque chose...

Donnez-moi un peu de vos nouvelles! :)

À bientôt,

Pat

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Photos :

Photo #1 : Le Bulgare inconnu
Photo #2 : Mère avec son bébé dans le dos et de la marchandise à vendre sur la tête. Elles sont vraiment impressionnantes les Africaines.
Photo #3 : Notre gang : Julie, Sarah, Marie-Helene, Nicolas (le meilleur chauffeur de Cotonou), Samantha, moi, Jerome, Melissa, Patrick et Arianne
Photo #4 à 6 : De la couleur!
Photo #7 : Petit garçon sur la moto de son papa
Photo #8 : À plusieurs endroits sur les murs on peut voir ces inscriptions, mais tout le monde pisse partout quand même, même les femmes...
Photo #9 : Palmiers
Photo #10 : Des petits gars que j'ai rencontrés et qui se promenaient avec de la vieille tôle de voiture sur la tête.

Email 4 : 5 juillet 2009

Objet : Parc safari inversé

(Vidéo des enfants d'Henriette)


Bonjour mes Québécois préférés,

Je retire mes paroles. Je ne suis plus autant soulagée que dans mon dernier courriel que le projet se termine dans moins de 4 semaines. Comme j’ai retrouvé la pleine forme et qu’il y a encore tellement de choses que je veux faire et voir ici, je sens plutôt que le temps joue contre moi, mais ça ira! Depuis maintenant 6 semaines, mon regard d’Occidentale (de Yovo) ne cesse de balancer entre l’émerveillement et l’incompréhension. Il me faudrait des mois, voire des années pour parvenir à lire entre les lignes de cette culture à la fois si accueillante, mais si impénétrable. La majorité des comportements que j’observe me choquent, puisqu’ils entrent en contradiction avec ce que je suis, mes valeurs, mais me poussent à remettre constamment en question ce qui me semble normal et acquis. La bonté humaine et l’amour de son prochain flirtent constamment avec l’envie, la méfiance et la jalousie en Afrique. Comme il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus, la compétition que représente le quotidien est forte. Je souhaite pouvoir ramener ne serait-ce qu’une parcelle de cette richesse culturelle dans mes bagages. Jamais je n’aurai vu des gens en si grande difficulté, mais si heureux. Les paradoxes se vivent partout, à tous les coins de rue, sans crier garde. Et moi je reçois tout ça et j'avoue ne pas toujours comprendre.

Comme certains le savent, je ne mange plus de viande depuis quelques mois. Ici, être végétarien ça ne fait vraiment pas partie de la culture et ça se comprend, quand tu as de la nourriture tu la manges, c’est tout. Comme nous sommes près de l’océan, il y a beaucoup de poissons alors si je veux rester en forme je dois en manger un peu, parce que les autres alternatives sont très limitées. Le seul hic, quand on te sert un poisson, il est complet! La tête, les yeux et les organes… L’autre jour j’ai mangé un poisson, après avoir passé 20 minutes à le décortiquer, j’étais pleine. Mon père d’accueil m’a alors demandé : « C’est terminé? » J’ai répondu oui et il est parti à rire aux éclats. Alors il m’a demandé s’il pouvait le finir, pas de gaspillage! Il a tout mangé, la tête, l’intérieur, les arrêtes! Je me sentais tellement mal. J’ai aussi été un peu traumatisée en allant au Marché Ganhi (et non Gandhi) (l’équivalant du Marché Jean Talon, en moins salubre) pour y acheter la viande qui servirait à notre pâté chinois de la St-Jean. La section des viandes était tout simplement dégueulasse. Des abats et toutes sortes de parties gisaient sur les comptoirs, avec des centaines de mouches qui volaient autour et des odeurs… J’ai vraiment savouré mon pâté chinois aux lentilles ce soir-là!

Justement, je dois vous parler de la St-Jean. Tout d’abord, nous avons vraiment dû nous compliquer la vie pour organiser une fête digne de ce nom. Les préparatifs ont occupé plusieurs jours et nous ont montré encore une fois nos différences culturelles. Comme nous avions un petit budget pour la fête, nous avons dû nous limiter dans les invitations. Nous avons donc invité nos familles d’accueil, nos partenaires au sein du projet de la Fondation PGL, ce qui totalisait 80 personnes. Nous avons informé nos invités qu’ils auraient droit à deux boissons chaque et qu’ils pouvaient en amener plus s’ils le désiraient. Faux pas culturel!!! Ici, lorsque tu organises une fête ou un souper, tu dois absolument tout payer à tes convives. Il n’est absolument pas question de leur demander d’apporter une bouteille de vin ou un dessert comme nous le faisons si naturellement au Québec. Ainsi, lorsque tu veux recevoir tu dois en avoir les moyens puisque les Béninois exigeront d’être rassasiés. Nous avons été un peu choqués par la réaction de certaines personnes qui nous ont dit qu’elles allaient venir parce qu’elles nous appréciaient, mais que notre demande était suffisante pour qu’elles déclinent l’invitation! On peut dire qu’ils ont le sens de la réception ces Béninois.

Finalement, seulement une quarantaine de personnes se sont présentées à la fête, il y a donc eu de la nourriture pour tout le monde et de la bière en masse! C’était tellement drôle de voir les Béninois danser en ligne sur la musique des Colocs, de Mes Aïeux et des Cowboys Fringants! L’organisation de cet événement et sa tenue auront ainsi été un lieu d’échange culturel, comme tout le reste du stage finalement! Je crois bien que nous avons réussi à faire un événement à notre imagine. :)

Comme je demeure plutôt loin comparativement aux autres membres du groupe, je vais toujours dîner chez Henriette, la mère d’accueil de deux autres filles du groupe, qui est aussi la soeur de Claire, ma mère d’accueil. Vous me suivez? Je suis très heureuse de pouvoir dîner dans cette famille les jours de semaine, car la maison est remplie d’enfants, ce qui fait changement de la maison de Claire. Ils nous aiment tellement les enfants! Et nous aussi! Ils sont allumés et intéressés, ils nous posent toujours mille questions.(Photo 5 : les enfants d’Henriette)

Notre mi-stage, qui se tenait du 26 au 30 juin, était tout simplement parfaite! Nous avons eu l’occasion de faire un bilan du travail fait et de celui à faire tout en relaxant et en évacuant le stress de la grande ville. Nous avons aussi joué aux touristes, nous avons magasiné (voir photos du marché public de Dassa) et admiré le paysage (voir photo #1).

Pour nous rendre dans les 3 villes (Abomey, Dassa et Grand Popo) que nous voulions visiter lors de la mi-stage, nous avons fait 5 heures de route à 10 dans le camion. Parlant d’être dix dans le camion, nous avons vécu une petite péripétie. Après 3 heures de route et plusieurs nids de poules dans le corps, nous avons été arrêtés à un contrôle routier où un policier clamait que nous étions en surcharge dans la voiture (ce qui n’était pas faux puisque le véhicule peut normalement contenir 7 personnes). Ce qu’il faut par contre comprendre c’est qu’au Bénin, tout le monde est en surcharge dans les transports, et c’est pas mal pire de l’être sur une moto (certaines motos ont 4 passagers, je ne comprends toujours pas comment ils font...) que dans un 4x4. Le policier voulait donc nous amener au commissariat de police... Notre accompagnatrice a donc discuté longuement avec le policier afin de trouver une autre alternative. Comme tout se monnaye ici, elle a payé 5000 FCFA (Environ 12 dollars) pour qu’il nous laisse partir!! Le pire dans tout ça, c’est que pendant qu’elle discutait avec le policier, des dizaines de véhicules remplis de Béninois en surcharge passaient à côté de nous. Ah oui mais c’est vrai, nous étions une belle bande de Yovos (Les Blancs) riches à craquer, j’avais oublié... (Voir photo pour un vrai exemple de véhicule en surcharge)

Sur cette même route, nous avons vécu un autre moment intense. Lors de l’un de nos trop peu nombreux arrêts, nous avons été littéralement assaillis par des dizaines de vendeuses ambulantes de nourriture. Aucun de nous n’avait encore eu le temps d’ouvrir une porte de la voiture que des dizaines de mains, tendant des arachides, des oranges, des ananas, des bananes s’étaient insérées dans la voiture par les fenêtres ouvertes. La scène faisait étrangement penser au Parc Safari, mais à l’inverse!! « Allons nourrir les Yovos dans leur voiture! » Ça a marché, nous n’avons même pas eu besoin de sortir de la voiture (de toute façon, je ne crois pas qu’aucun d’entre nous n’en aurait eu le courage), que nous étions nourris.

Au Bénin, la mort est une chose sacrée, tout comme la naissance. Les gens n’ont pas d’argent pour payer les soins médicaux d’un porche malade, mais ils se ruineront littéralement pour lui organiser des funérailles majestueuses. Voilà un autre exemple des nombreuses contradictions de cette culture...

Les Béninoises sont tellement belles. Les tissus qu’elles portent jour après jour sont tout simplement magnifiques. Nous avons vraiment l’air de touristes avec nos souliers Merrell et nos shorts cargo à côté d’elles! Elles se font faire sur mesure les habits traditionnels, je devrais peut-être m’en faire faire un...

Pendant que je vous écris ces lignes, deux jeunes garçons en avant de moi se font passer pour une fille de 15 ans et clavardent avec un bonhomme de je ne sais pas quel âge et semblent avoir bien du plaisir! Bon je dois quitter le café Internet, j’ai entendu dire que l’eau était revenue (je ne me suis pas lavé les cheveux depuis... ah j’ai trop honte pour le dire).

Pat, qui jubile à l’idée de peut-être pouvoir se laver


P.S.: Désolée pour les fautes, je n'ai pas trop le temps de me relire.

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Photo #1 : Rocher sur lequel nous nous sommes reposés suite à la montée d’une colline à Dassa


Photo #2 : Bateau de pêcheurs sur la plage de Grand Popo


Photo #3 : Petits enfants rencontrés lors de notre descente de la colline à Dassa



Photo #4 : Les enfants d’Henriette, la sœur de ma mère d’accueil : Bignon, Roberta, Charbelle et Alain


Photo #5 : Des enfants trop mignons au marché public de Dassa



Photo #6 : Des vendeuses ambulantes au marché public de Dassa



Photo #7 : Ça c’est un véhicule en surcharge!



Photo #8 : Des tissus africains au marché public de Dassa. (Je veux tous les avoir!) Imaginez comme les femmes africaines sont belles dans ces tissus, je dois en prendre en photos.


Photo #9 : Le gardien d’un fétiche vaudou à Dassa





Email 3 : 23 juin 2009

Objet : La moitié de faite

Bonjour tout le monde,

La moitié de mon stage s’est déjà écoulée et je ne vous cacherai pas mon soulagement. Les choses se déroulent très bien, malgré quelques soucis de santé, mais la sollicitation (en tant que minorité visible que nous sommes), le bruit et la pollution auxquels nous devons faire face chaque jour nous épuisent énormément. Je serai donc peut-être un peu plus pessimiste dans mon courriel cette semaine... Mais soyez sans crainte, je profite de chaque moment avec joie! C'est juste que la semaine qui vient de passer a été plus éprouvante que les autres, mais ça fait partie de l'expérience.

Nous avons vite remarqué à notre arrivée en Afrique des gens avec plusieurs cicatrices au visage. Pour ma part, je n’avais jamais entendu parler du phénomène de la scarification. En effet, il n’est pas rare de croiser des gens avec des cicatrices dans le visage signifiant notamment leur village natal ou leur affiliation à une tribu en particulier. On nous a aussi raconté qu’anciennement, ça permettait aux enfants victimes de la traite de se souvenir de leurs origines… C’est quand même particulier que ces cicatrices soient faites directement au visage des nouveaux nés!

Après un mois, j’ai finalement fait mon premier tour de zemidjan (taxi moto). Je n’avais pas tellement hâte de l’expérimenter, car c’est quand même dangereux avec la circulation qu’il y a ici, mais en fin de compte ça a super bien été, j’ai eu le temps qu’il fallait pour expliquer au conducteur d’aller très très lentement. Au moins, je me sentais en sécurité avec mon casque alors ça allait. Mais je n’en prendrai pas l’habitude...

Cette semaine, j’ai aussi expérimenté le système de santé béninois. Comme c’est la saison des pluies, nous sommes tous un peu malades. Évidemment, je ne pouvais pas me contenter d’un petit rhume! Alors, j’ai fait une bronchite et une amygdalite. J’ai donc été clouée au lit à tousser à en vomir (littéralement, désolée pour les détails…) pendant 4 jours. Aussi, j'ai eu le palu (la malaria)!!! Mais c'était un petit palu (tellement petit que les Africains ne considèrent même pas ça comme le palu). Mais là je vais bien, les médicaments font effet!

Quant au projet de documentaire, on a enfin commencé nos entrevues! Nous réalisons que nous n’aurons pas le temps de faire le montage avant la fin du stage vu tout le travail qu’il nous reste à faire. Mes fins de semaines seront donc bien chargées à mon retour afin de leur envoyer un produit fini dans un délai raisonnable, un délai canadien! Les réactions face à la caméra sont vraiment partagées, certaines personnes se fâchent et nous ordonnent de fermer la caméra (certaines ethnies pensent que les photos et la caméra volent leur âme), alors que d’autres sont tout contents de s’imaginer qu’ils vont peut-être passer à la télé.

Du 26 au 30 juin, nous quittons Cotonou pour aller nous reposer un peu dans un village à une heure d’ici. Ça nous permettra également de faire un bilan de mi-stage et de préparer la fin du stage. Nous allons aussi profiter de l’océan. Ahh le bruit des vagues!!

Ici, le rapport au temps et la gestion des priorités sont deux concepts totalement différents que ce que l’on connaît. On nous avait pourtant avertis que le rythme de travail était beaucoup moins effréné qu’au Québec et que la ponctualité n’était pas la principale qualité des Béninois… cependant, je n’arrive toujours pas à m’y faire. C’est sûr que c’est agréable parfois de pouvoir prendre son temps et de discuter les uns avec les autres, mais quand même, il faut que ça avance !! J’exerce donc ma patience, pas toujours facile pour une fille qui ne l’est pas de nature ! Il y a quand même un point très positif à ce manque de ponctualité. En effet, ici les gens prennent le temps de faire les choses, de se saluer, de se donner des nouvelles, de se questionner les uns les autres sur leur santé et celle de leur famille. Je comprends qu’ils nous trouvent névrosés !

Il y a 3 semaines, on a visité la ville de Ouidah. En plus d’être le berceau du vaudou, Ouidah est la ville d’où partaient les esclaves lors de la traite négrière faite par les Portuguais entre 1700 et 1900. Nous avons donc marché la route des esclaves qui mène à la porte de non-retour. Cette porte, située à quelques pas de l’océan, symbolise le départ des esclaves par bateaux pour l’Occident.

Je vous parlais dans le dernier courriel qu’ici il faut toujours barguiner lorsqu’il est question d’argent et je déteste tellement ça ! Même à la banque il faut s’obstiner avec la caissière pour qu’elle nous donne des petites coupures, car évidement ici aucun commerçant n’accepte nos billets de 10 000 et 5 000 Francs CFA. Ils n’ont jamais le change et c’est toujours au désavantage du client !

Alors voilà, je vous réécris d'ici deux semaines. Encore merci à ceux qui me répondent. :)
Bonne Saint-Jean. De notre côté, on va faire une grosse fête avec toutes nos familles et on va leur servir du bon pâté chinois et des crêpes dans le sirop d'érable!! Miam miam.

Photo #1 : La porte de non-retour



Photo #2 : Inondations dans les rues d'Agla


Photo #3 : La famille d'Amadou (le gardien de la maison) : ses filles Raina et Nafissa, sa femme Zenab

Pat xx

P.S. : Prénoms drôles de gens qu’on a rencontrés : Précieux, Prudence, Prince, L'Heureux (c'est son prénom!!!), Pulchérie, Perpétu, Hermione, Blaise, Gustave, Isidore, Rigobert, Siméonne, Sergino, Edwidge et j’en passe!

Email 2 : 14 juin 2009

Objet : D’autres petites nouvelles

Bonjour tout le monde,

Je vous remercie pour les beaux mots que vous m’avez envoyés, ça fait un bien fou !

Mon courriel cette semaine va être un peu décousu, car je n’ai pas beaucoup de temps sur l’ordinateur et disons que je ne suis pas au summum de ma forme...

Au Bénin, près de 7 millions d’habitants, qui s’expriment en plus de 100 dialectes, se côtoient dans une harmonie et un pacifisme légendaire pour un pays africain. Et c’est sans parler des différentes religions (animisme, christianisme, islam, etc.) pratiquées. Ça contraste avec notre grand Canada bilingue divisé ! N’ayez crainte, je ne change pas mon fusil d’épaule, c’est simplement que ça relativise bien des choses.

La semaine dernière, nous avons visité une petite ville tout près de Cotonou qui s’appelle Grand Popo. Notre principale activité lors de cette visite : la PLAGE ! Mais on ne peut pas se baigner à cause des vagues. L Sur la plage il y avait une fête où plusieurs personnes dansaient sur des rythmes africains, nous les avons donc joints. Nous nous sommes mis à danser avec eux pendant 2 heures ! J’ai dû surpasser ma gêne!! On a même chanté avec eux :

« Je suis dans la joie,
une joie immense,
je suis dans l’émotion,
car Yahvé m’a libérée. »

tout en se faisant photographier sans arrêt comme si on était des vedettes hollywoodiennes. Mais ici la vraie star c’est dieu, il est présent partout, dans les chansons, dans le nom des commerces, à la télévision, dans l’affluence incroyable devant l’église le dimanche matin.

Comme la ville ici est très polluée et bruyante, nous avons décidé pour nous dégourdir et relaxer un peu, de nous prendre un abonnement à la piscine d’un hôtel du coin. Donc, pour 15 000 Francs CFA par tout le mois de juin (40$), on peut se baigner tous les soirs et profiter d’une salle d’aérobie. J Je suis raquée...

Dans un atelier sur les différences culturelles, on nous a aussi partagé la vision, ou les préjugés, que certains Africains ont des Occidentaux. Ils croient que nous sommes tous riches, névrosés, individualistes, racistes, homosexuels (ici c’est interdit), intelligents, trop curieux (certains pensent même que nous sommes des espions pour la CIA). Mais bon, il s’agit de préjugés, tous ne pensent pas comme ça ! Ça nous a quand même bien fait rire. Dans ce même atelier, on a beaucoup parlé de sensibilisation aux IST et au Sida, ce qui est comme on le sait, un sujet très délicat. Et bien, une expression populaire béninoise concernant le port du condom dit : « On ne peut pas consommer la banane avec sa pelure. » Il y a encore beaucoup de travail à faire !

La polygamie est également très présente autant chez les catholiques que chez les musulmans. Les Béninois croient qu’il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes et que chaque femme doit trouver un mari pour subvenir à ses besoins. Par contre, les statistiques disent qu’il y a autant d’hommes que de femmes. Alors, c’est une excuse ? Un peu choquant...
Lorsqu’il en a les moyens, l’homme doit s’occuper du plus de femmes possible... Par contre, en milieu citadin, la polygamie est plus cachée, les hommes appellent leurs maîtresses leurs « bureaux » et les visites rendues à ces dernières par l’homme sont priorisées en fonction de leur importance et de leur intérêt. On riait en imaginant un homme rentrer tard à la maison un soir et dire à sa femme : « Désolé de mon retard chérie, je suis resté tard au bureau ce soir. »

Nous sommes en plein dans la saison des pluies, à l’époque, il n’était pas rare qu’il pleuve à tous les jours, cependant avec les changements climatiques la pluie est beaucoup moins fréquente. Dans un sens, je crois bien que ce soit une bonne chose qu’il ne pleuve pas trop (depuis notre arrivée, il a plu environ 10 fois, surtout la nuit), car ces pluies diluviennes provoquent des inondations impressionnantes et des coupures de courant fréquentes. Les routes en terre battue inondée, ça fait de la grosse bouette ! Et même plusieurs maisons sont inondées et les gens ne peuvent pas sortir de chez eux, car une marre d’eau les en empêche. La pluie fait quand même tomber l’humidité qui nous colle à la peau. Ce matin, on a dû traverser une rue tellement inondée qu’il y avait de l’eau jusqu’à la moitié de la portière du camion. Ce qui me fascine par contre, c’est que tout le monde ici garde le sourire! Une imagine frappante : Un petit garçon tout nu qui pisse dans une marre d’eau stagnante dans laquelle il a les deux pieds.

À les voir aller sur leur moto, les Africains semblent posséder un sens inné de l’équilibre. En effet, il n’est pas rare de croiser des motos transportant plus de 3 personnes ou des objets insolites : un congélateur ou une base de lit. Quand on parle de conduite dangereuse !! Une chance que nous avons notre jeep, on se sent plus en sécurité ! Ce chaos sur les routes semble tout de même organisé puisque nous n’avons pas vu d’accidents majeurs depuis notre arrivée.

Samedi dernier, Julie et moi avons été invités par notre mère d’accueil Claire, à assister à un concours culinaire où participaient des professionnelles des Medias. Donc, 5 femmes journalistes s’affrontaient dans une chaude lutte culinaire. Au menu : bouffe africaine, chansons religieuses et chanteur qui fait du lipsing (!!??). Ce fut par contre très intéressant, car cet événement se voulait un prétexte pour rassembler les femmes professionnelles du monde des médias en soulignant les difficultés qu’elles rencontrent quotidiennement (heures irrégulières, travail de nuit, chef du foyer – parce que bien sûr ici en théorie le chef de foyer c’est l’homme... mais dans les faits !? - en tant que mère au foyer (car ici même pour les femmes de carrière, la cuisine appartient à la femme !). Autrement dit, une centaine de féministes se sont donné une petite tape dans le dos, pas fou comme idée. J’en ai donc profité pour me faire des contacts, je fais un stage en communication après tout. On m’a présenté à la directrice des publications du quotidien la Nation, un grand journal ici. Je vais la rencontrer dans les prochaines semaines pour mieux comprendre le métier de journaliste pour une femme en Afrique. Mes amies relationnistes, ne vous inquiétez pas, je ne sauterai pas la clôture comme ça trop souvent ! Mais le meilleur dans tout ça c’est que l’événement était filmé par la chaîne des nouvelles et que j’ai passé à la télé, je flashais dans la masse d’Africains il faut croire!! J’aurai donc laissé mon empreinte, si minime soit-elle, à la télévision béninoise.

Alors voilà, j’espère que ce courriel est lisible!! De mon côté, je retourne me coucher, ma tête est sur le point d’exploser!

Pat xx


P.-S. :
Je ne sais pas si j’ai expliqué à tout le monde la raison de notre présence au Bénin. Alors si ça vous intéresse, voici un résumé du projet :


Depuis juillet 2006, la Fondation Paul Gérin-Lajoie finance, avec l’aide de l’ACDI, un projet d’appui à la formation professionnelle au Bénin. Ce projet vise principalement à développer un modèle de reconversion professionnelle des chauffeurs de taxis motos de Cotonou (appelés les « Zémidjans ») et des vendeuses d’essence par le biais d’une formation professionnelle en atelier dans des filières économiques porteuses d’avenir liées à l’environnement (maraîchage, froid domestique, mécanique moto et mécanique auto).

Les « Zémidjans » sont appréciés par la population béninoise, car ils sont une solution à la carence des transports publics, par contre, ils sont également souvent accusés d’être à l’origine de la pollution toujours grandissante de la ville et sont beaucoup trop nombreux pour les besoins. Selon le Ministère de l’Environnement béninois, 83 tonnes de monoxyde de carbone sont quotidiennement émises au Bénin, dont la moitié est due aux deux-roues. Aussi, leur conduite automobile n’étant pas sécuritaire, ils sont à l’origine de centaines d’accidents mortels au cours d’une année.

C’est donc dans une politique globale de lutte contre la pollution et de réduction de la pauvreté que le projet propose une stratégie à même d’offrir une alternative en matière d’emploi aux chauffeurs de taxis moto et aux vendeuses d’essence à Cotonou. Le projet se base sur l’approche par compétences, expertise reconnue du Canada. La formation professionnelle, la théorie et la pratique se donneront en ateliers chez des maîtres artisans.

La mairie de Cotonou et le Ministère de l’Environnement béninois apportent également une contribution financière. Cependant, le programme de subvention de la Fondation, de l’ACDI et des deux partenaires locaux prend fin en juin 2010, d’où la nécessité de se munir d’un outil promotionnel facilitant la recherche de futurs partenariats financiers. Ainsi, deux documentaires seront réalisés : le premier, conçu conjointement avec les Béninois, prendra la forme d’un outil corporatif visant à renforcer et appuyer les capacités communicationnelles du projet (c’est sur celui-là que je travaille), alors que le second sera destiné au public québécois et aura pour objectif de sensibiliser la population de chez nous à des contextes environnementaux différents du nôtre.

Email 1 : 3 juin 2009

Objet : Adofinea !

Allo tout le monde,
Je vous parlais la semaine dernière de la maison dans laquelle je loge avec Julie, une autre fille du groupe. Comme je vous disais, il s'agit de la maison, ou plutôt de la villa d'un diplomate (Robert, sa femme Claire et les deux domestiques Amadou et Perpétu). C'est vraiment incroyable comme c'est grand et beau. Nous avons une toilette avec un siège, ce qui n'est vraiment pas toujours le cas. Nous avons même une douche téléphone. Je me sens vraiment super mal pour deux autres filles du groupe qui doivent dormir dans le même lit, dans une maison minuscule comptant 20 personnes. Disons que notre expérience africaine sera totalement différente.

Pour ce qui est du phénomène des domestiques, c'est vraiment très fréquent en Afrique, plusieurs familles en ont, pas seulement les plus riches. Toutes les familles hébergeant des membres de notre groupe en ont… et ont s'y fait tranquillement, ce n'est pas toujours évident de les voir travailler comme ça, surtout qu'il s'agit souvent de fille de 15 ou 16 ans.

Chez nous, Amadou est le gardien de la maison, il travaille de soir et de nuit. Hier, nous avons rencontré sa femme et ses deux petites filles de 2 et 3 ans, tellement mignonnes ! Amadou est vraiment gentil, il nous a proposé de nous faire visiter le quartier dans les prochains jours. Bien que nous vivions pratiquement dans un château, le quartier correspond exactement aux idées que l'on se fait des grandes villes africaines : salle, TRÈS polluée, pleins d'enfants qui courent partout en petite culotte, rue en terre battue, du bruit du bruit et encore du bruit, plein de petits marchants qui vendent des gogosses les plus inutiles les unes que les autres.

Ici, on appelle les blancs des Yovo. On se fait dévisager constamment et on se fait chanter des chansons par les enfants dans la rue : Yovo Yovo, bonsoir, ça va bien, merci ! Les Béninois se disent bonsoir à partir de midi!

Vous vous demandez si j'ai déjà commencé à être malade ? La réponse est oui, bien sûr! Pour rire un peu, nous appelons entre nous nos visites régulières à la toilette nos « périodes d'adaptation ».

Il se passe tellement de chose dans une journée que je n'arrive pas à choisir quoi vous raconter. Mais j'ai quand même vécu une expérience que je veux vous partager. Samedi, nous avons été invités à participer à une première communion, alors nous y sommes allées… Alors que j'étais assise et que je regardais le plus beau bébé jamais vu, une petite fille, sa mère l'a arrachée aux bras de son père pour me la mettre dans les bras et… disparaître !!! Nous l'avons finalement retrouvée 30 minutes plus tard. Petit choc culturel !

Aussi, comme on nous l'avait dit, la cruise ici est omniprésente. Je dois avoir reçu 5 demandes en mariage. Et vous me connaissez sur ce sujet pour la plupart…disons que mon malaise est palpable ! On nous a expliqué que les Africains croient tellement que tous les blancs sont riches et que l'Amérique est la terre promise qu'ils vont constamment s'essayer pour qu'on les ramène avec nous. Mais ne vous inquiétez pas, je pogne les nerfs ou je me sauve… ou je dis que je suis mariée!

En plus de commencer le documentaire, nous suivions des ateliers sur les différences culturelles. Hier, nous avons entre autres discuté du problème du sida, que plusieurs Africains croient être une invention américaine pour les éliminer, et de la religion principale au Bénin : l'animisme (le vaudou). La majorité des Béninois croient dur comme fer qu'ils peuvent se jeter des sorts les uns aux autres lorsqu'ils n'agissent pas correctement. Ouff ! Méchant contraste avec nous. Aussi, ils pensent que certaines maladies, comme le cancer, sont des mauvais sorts et qu'il ne servirait à rien d'aller à l'hôpital… Et en parlant d'hôpital, j'en ai visité un aujourd'hui pour visiter l'ami de notre accompagnatrice... vive le système de santé québécois!!

Un autre point vraiment contrastant : la négociation et l'escroquerie. Les Béninois essaient toujours de nous en passer des petites vites, à tous nos repas aux restaurants nous avons dû faire revoir la facture, car elle était trop élevée. Un chauffeur de taxi a voulu nous laisser sur le bord du chemin, à 15 kilomètres du lieu prévu sur un trajet de 50 kilomètres, pour renégocier à la hausse le prix de la course. Et ce n'est que des exemples, tous les jours nous sommes confrontés à ce genre de situation et c'est vraiment très irritant à la longue. C'est sûr que c'est pire parce qu'on est blancs, mais ils se le font entre eux aussi!!!!

Notre projet de documentaire est tellement intéressant, j'en apprends beaucoup et je crois que ça va être très utile dans l’avancement du projet. Nous en sommes actuellement à l’élaboration du synopsis et nous devrions commencer le tournage d’ici 2 semaines (mais 2 semaines africaines ça veut peut-être dire 4 ou 5… à suivre !)

J’avais l’intention de faire un blog, mais je réalise que ce n’est pas du tout réaliste. J’ai essayé 2 fois de télécharger mes photos sur mon site et les 2 fois Internet a planté, et vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’Internet est vraiment lent…. J’exerce ma patience. Alors, je vais joindre les photos à mes courriels à la place.

En conclusion, je vais très bien. J'ai eu un petit down la semaine passée quand j'étais malade, mais là je pète le feu. Je dois souvent me pincer pour réaliser que je suis vraiment en Afrique. Je vis le plus beau trip de ma vie!

Je vous aime !


Pat, qui sue et qui sue et qui sue!!!!


Photo : Première journée à la plage